Antidisturbios (Canal+) : la meilleure série espagnole de tous les temps ?

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Alors que l’année 2020 a été fortement perturbée et ne nous a pas gâté côté films et séries, une énorme fiction espagnole est sortie. Il s’agit de Antidisturbios, diffusée ce 13 mai sur Canal+.

meilleure série espagnole Antidisturbios

Antidisturbios a clairement ouvert un débat ardu en Espagne sur le fait de savoir si c’est la meilleure production de l’histoire de la télévision du pays. Quoi qu’il en soit, la série espagnole ne laisse personne indifférent. Créée par Isabel Peña et Rodrigo Sorogoyen la série a connu un succès retentissant dans son pays d’origine. Avec l’une des distributions les plus impressionnantes de ces dernières années, Antidisturbios a été salué comme l’une des meilleures séries espagnoles de tous les temps. Peut-être la meilleure.

Pourquoi ? Pour commencer, parce qu’il s’agit en fait d’une mini-série. Ses 300 minutes, soit 90 minutes de plus que le dernier film de Martin Scorsese, ont plus de caractère et de langage cinématographique que The Irishman, qui, malgré l’investissement et les stars, a une touche de mini-série prestigieuse qui n’est pas exploitée dans Antidisturbios.

Son format de « long-métrage » (dans le cas de The Irishman, il s’agirait d’une « courte série ») et son caractère concret, où il n’y a rien de gratuit ou de superflu et où tous les personnages et toutes les situations sont là où ils doivent être. En outre, elle vient occuper un espace qui n’avait jusque là été occupé que de manière superficielle.

mini-série antidisturbios

Avec une mise en scène étouffante, la bande-son d’Olivier Arson habituelle dans l’œuvre du cinéaste et une maîtrise de la planification et de l’utilisation du plan-séquence, on se risque à dire que oui, Antidisturbios est peut-être la meilleure série espagnole de l’histoire.

Mais Antidisturbios, de quoi ça parle ?

Après une expulsion dans le centre de Madrid qui se terminera par un décès, une équipe de policiers anti-émeute sera sous les projecteurs de tout le pays. C’est alors que le service des affaires internes apparaîtra pour enquêter sur l’incident pour lequel ils ont été accusés d’homicide involontaire. A travers le regard de Laia Urquijo (immense Vicky Luengo), l’autre personnage clé de cette histoire, les pièces de ce puzzle vont commencer à bouger jusqu’à l’accomplissement d’une pièce surprenante.

Réaliste, avec une caméra constamment braquée sur ses personnages, Antidisturbios parvient à nous placer non seulement au cœur de l’action policière, mais nous ouvre également les portes de cette famille complètement dysfonctionnelle qui doit faire face à la justice. Avec la justice qu’ils rendent et avec celle qu’ils reçoivent. Mais c’est peut-être le mot qui définit le mieux ce conte choral : famille. Celui que vous avez à la maison et celui que vous avez au travail. La pression et les décisions à prendre à l’intérieur comme à l’extérieur, le portrait psychologique de quelques personnages complètement brisés sont le moteur de la série espagnole.

Les ingrédients d’une recette réussie

La distribution de Antidisturbios est la plus réussie et la plus spectaculaire de la saison. Raúl Arévalo, Álex García, Hovik Keuchkerian, Roberto Álamo, Raúl Prieto et Patrick Criado constituent l’équipe de luxe et les protagonistes centraux de l’intrigue. Vicky Luengo et une poignée d’acteurs secondaires étonnants prendront leur part des feux de la rampe, comme David Lorente et Tomás del Estal.

casting de Antidisturbios

Tout au long des six épisodes, d’une durée de 45 à 55 minutes chacun, les images de Sorogoyen nous rappellent qu’il s’agit d’un travail d’auteur. Le cinéaste s’entoure de son équipe habituelle pour offrir une mise en scène hyperréaliste. Olivier Arson répète en musique l’asphyxie vitale transmise par les images d’Alex de Pablo et de Diego Cabezas. Miguel Ángel Rebollo signe une autre mise en scène spectaculaire, pleine de petits détails et le montage d’Alberto del Campo, présent dans toutes les œuvres de Sorogoyen (et maintenant aussi dans Patria), protégé par Miguel Doblado et Pedro Collantes, est féroce et direct comme une balle dans la figure.

Avec une telle équipe technique et artistique, on pourrait penser que la chose la moins importante est le traitement de l’histoire, mais ses créateurs ne s’en privent pas. Le thriller mijoté, la cocotte-minute habituelle de l’œuvre de Sorogoyen et Peña restent intacts, ainsi que leurs touches d’humour noir, qui s’enrichissent tandis que leur intrigue passionnante se nourrit au fur et à mesure qu’elle se déroule dans ce tout nouvel univers élargi de Persika. En bref, Antidisturbios est un véritable joyau à découvrir dès ce 13 mai 2021 sur Canal+.

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